Un train peut en cacher un autre ! Le pays n‘est pas encore sorti de l’auberge. La triste affaire d’Ambohimalaza, qui a ébranlé les fauteuils de certains membres du Gouvernement, peine à faire tomber le rideau c’est-à-dire sans être concrètement et complètement effacée, et en voilà une autre qui vient vicier ou empoisonner l’atmosphère et secoue derechef le Gouvernement. Le temps est dur ! La Grande île traverse une zone de turbulence. De fortes secousses font tanguer le navire. Dans la précédente édition, nous avions dû déplorer que le pays, tel un grand bâtiment sans repères, va à la dérive et ce pour plusieurs cas qui sèment la panique.
Le couac survenu à Ambohimalaza met en lumière les carences de gestion de certains membres du Gouvernement. Leur incapacité voire incompétence à contourner une douloureuse affaire. Une affaire qui, au final, éclabousse l’Exécutif. Sous d’autres cieux, un couac de cette ampleur aurait suffi à pousser des hauts responsables incriminés vers la porte. La culture de la démission, en cas d’échec avéré, nous échappe encore. On s’agrippe ! On s’accroche !
Et voilà une autre « affaire » déroutante qui éclabousse le Gouvernement du moins un membre du Gouvernement. Le ministère des Transports pour être précis, le ministre de tutelle, se trouve dans l’œil du cyclone, de l’ouragan, dans « l’affaire des cinq Boeing 777 ». L’Aviation civile de Madagascar (ACM), l’autorité nationale compétente pour tous mouvements d’aéronefs à Madagasikara a délivré des certificats d’immatriculation provisoire et de navigabilité des 5 aéronefs et ceci dans le cadre de traitement de dossier de la société UDAAN. Dotés de cette immatriculation en 5R, les cinq aéronefs partaient en direction vers l’Iran. D’où l’éclatement de l’affaire sur la scène internationale en particulier du côté des Etats-Unis. L’Iran jusqu’à nouvel ordre sous la coupe d’embargo international ne peut engager aucune transaction internationale. Madagasikara est pris pour cible d’avoir violé la sanction internationale. Le mal est fait ! Le pot cassé ! L’heure est grave ! Quelles que soient les explications apportées par la partie malagasy, le Gouvernement se trouve dans une situation difficile sinon délicate. Les « deux lettres » apparemment contradictoires émanant d’une part du ministre des Transports et de la Météorologie en guise de demande d’explication adressée au DG de l’ACM et d’autre part, la réponse du DG de l’ACM à l’endroit de son supérieur hiérarchique, le ministre compliquent le cas. Selon certains observateurs, des têtes vont tomber. Par analogie des cas, le directeur de la veille sanitaire, de la surveillance épidémiologique et de la riposte auprès du ministère de la Santé publique saute de son poste. Le DG de l’ACM, le fusible tout donné, a bien signifié qu’il a agi sur « instruction » du ministre, son patron direct. Un Conseil des ministres s’est tenu hier pour trancher sur ce cas. La réunion a décidé de démettre le ministre des Transports.
Madagasikara risque gros dans cet imbroglio. A moins de faire preuve de transparence et de réagir avec des mesures adéquates, la Grande île pourrait bientôt faire face au pire. La communauté internationale n’est pas de nature ou du genre à se contenter des explications à la va- vite. Le locataire de la Maison Blanche non plus ne tolère point des écarts ayant lien avec la violation à des sanctions internationales auxquelles les USA tiennent beaucoup !
Ndrianaivo
A l’occasion de l’ouverture de la 8e édition de la semaine de l’industrialisation de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), organisée à Madagascar en marge du 45e sommet régional, le Président Andry Rajoelina a mis en lumière les progrès significatifs accomplis par la Grande île dans la voie de l’industrialisation et de la transformation agricole ainsi que la transition énergétique.
Le thème de cette édition, « Promouvoir l'industrialisation, la transformation agricole et la transition énergétique pour une SADC résiliente », illustre parfaitement les défis et ambitions partagés par les pays de la région. Pour Madagascar, ce sommet est l’occasion de réaffirmer son engagement à bâtir une économie compétitive et intégrée, fondée sur des secteurs clés capables de créer de la valeur ajoutée et de l’emploi.
Dans son allocution, le Chef de l’Etat a ainsi rappelé que la croissance économique ne peut être durable sans industrialisation et que celle-ci repose sur une production d’énergie fiable et abordable. « Il n’y a pas de croissance économique sans création d’emploi, et cette création d’emploi ne peut être effective sans industrialisation », a-t-il insisté.
Madagascar a ainsi lancé le programme « One District one Factory », qui a permis d’implanter 57 unités semi-industrielles à travers le pays. Ce dispositif vise à développer la transformation locale, à stimuler l’innovation et surtout à générer des emplois pour la population.
Par ailleurs, la transformation agricole constitue une priorité nationale. Grâce à la mécanisation et à l’accompagnement des agriculteurs, Madagascar ambitionne de tripler sa production rizicole, passant de 2,5 tonnes à près de 12 tonnes à l’hectare dans les prochaines années, un enjeu crucial dans la lutte contre la pauvreté.
Le Président Rajoelina a également mis l’accent sur la transition énergétique, indispensable pour soutenir l’essor industriel. Face au coût élevé de la production électrique actuellement dominée par le thermique (fuel), le pays accélère le développement des énergies renouvelables. La part des énergies propres dans le mix énergétique national a ainsi progressé de 16% en 2020 à 28% en 2024. Et un vaste plan d’installation de parcs solaires, avec une capacité de 100 mégawatts par an, est lancé pour atteindre 70% d’énergie propre d’ici 2028.
Ces avancées se traduisent déjà dans les chiffres. En effet, la valeur ajoutée manufacturière a crû de 5,2% ces dernières années, notamment dans le textile et les filières vertes, tandis que la mécanisation agricole a permis une hausse de 18% des rendements rizicoles.
Le Président Rajoelina a conclu son discours en affirmant que Madagascar est engagé dans une dynamique de transformation énergétique et industrielle qui profitera à l’ensemble de la population. Et lui d’appeler les partenaires régionaux à renforcer cette coopération pour une Afrique australe plus forte et résiliente.
Lalaina A.
La décision est tombée hier en début de soirée. Le ministre des Transports et de la Météorologie, Valéry Ramonjavelo a été démis de ses fonctions selon un décret signé par le Président Andry Rajoelina et le Premier ministre, Christian Ntsay. Cette abrogation intervient près de 72 heures après les révélations liées à l’octroi d’immatriculation provisoire pour cinq avions Boeing 777 qui ont pu atterrir en Iran. Un scandale qui a défrayé la chronique et qui a été relayé par les médias internationaux. Avant – hier, ce membre du Gouvernement s’est défendu au cours d’une conférence de presse en affirmant avoir été complètement « trompé » dans cette affaire. Par la suite, l’ouverture d’une plainte a été annoncée tout comme l’émission d’un avis de recherche contre deux opérateurs économiques qui seraient directement impliqués dans cette affaire.
Selon une source proche de la Présidence de la République, la décision d’immatriculation des avions n’a fait l’objet d’aucune concertation auprès des deux Chefs de l’Exécutif et a donc été prise de façon unilatérale par le ministère des Transports et de la Météorologie. En l’absence d’une telle consultation auprès des éminentes institutions, aucune autorité ni département ministériel n’a le pouvoir d’engager la responsabilité de l’Etat malagasy, d’autant plus qu’il est question d’engagement international qui risque d’avoir de lourdes conséquences pour l’image et la souveraineté de Madagascar.
A travers cette abrogation – la deuxième en deux semaines – le numéro un de l’Exécutif veut montrer l’exemple en appliquant la politique « tolérance zéro » dans la gestion des affaires nationales. Nommé lors d’un remaniement gouvernemental au mois de février 2023, l’ancien secrétaire général auprès de la Présidence aura occupé le poste de ministre pendant près de deux ans et demi. Le Premier ministre assurera l’intérim en attendant la nomination d’un nouveau titulaire au département du ministère des Transports et de la Météorologie.
Sandra R.
Dans quelques jours, Antananarivo abritera le Sommet de la Sadc (Southern African Development Community) et prendra officiellement la présidence tournante de l’organisation régionale en succédant au Zimbabwe. La présidence de la SADC n’est pas juste une photo de famille des chefs d’État. Présider la SADC, c’est exercer un leadership régional pour guider les orientations politiques et économiques du bloc sur une année. Cela permet d’orienter les priorités régionales, de défendre ses intérêts dans les grands projets économiques, et de renforcer la diplomatie économique de Madagascar.
Madagascar bénéficiera d’une visibilité accrue, d’un rôle moteur dans l’industrialisation régionale, et d’une opportunité de faire converger ses priorités nationales avec celles de la SADC. En contrepartie, cela implique des exigences organisationnelles et diplomatiques fortes, ainsi qu’un engagement financier et administratif non négligeable.
SADC : mode d’emploi
La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) n’est pas qu’un acronyme lointain. Elle représente une organisation régionale majeure, couvrant une partie importante du continent africain. Madagascar en est membre depuis 2004, mais en dehors de la résolution de la crise 2009, l’organisation reste méconnue du grand public. Rares sont ceux qui comprennent son rôle, ses institutions ou ses mécanismes.
La SADC est un regroupement régional composé de 16 États membres, dont Madagascar. Créée en 1992 pour promouvoir l’intégration régionale, la SADC repose sur une vision claire : construire une région économiquement intégrée, politiquement stable et socialement inclusive. Son siège est basé à Gaborone, au Botswana, et ses décisions sont prises lors des sommets des chefs d’État et de gouvernement, organisés chaque année.
Madagascar en est membre depuis 2004. À travers cette adhésion, le pays s’est engagé à coopérer avec ses voisins dans des domaines variés comme le commerce, l’énergie, l’environnement, l’agriculture, la sécurité, la paix ou encore la libre circulation des personnes et des biens. La SADC fonctionne sur un principe de souveraineté partagée, dans le respect des particularités nationales, mais avec la volonté commune de progresser ensemble vers le développement durable.
L’intégration économique est l’un des piliers majeurs de cette organisation. Elle repose sur un accord de libre-échange visant à réduire, voire à supprimer, les barrières tarifaires entre les pays membres. Cet espace commun permet une circulation plus fluide des marchandises et ouvre de nouveaux débouchés aux produits locaux, en théorie du moins. En pratique, les écarts de développement entre les États membres, les difficultés d’infrastructures ou encore les barrières non tarifaires continuent de freiner les échanges.
La SADC intervient aussi sur le plan politique et sécuritaire. Elle joue un rôle de médiateur dans les conflits, comme à Madagascar en 2009. Elle soutient les processus électoraux et peut même déployer des forces régionales en cas de crise, comme elle l’a fait en République démocratique du Congo. Elle coordonne également des politiques sectorielles, en matière d’éducation, de santé ou de gestion des ressources naturelles, avec des objectifs harmonisés et des programmes communs.
L’un des outils les plus visibles de la SADC est son Secrétariat exécutif, qui veille à la mise en œuvre des décisions prises par les chefs d’État et assure la coordination des initiatives. La présidence tournante de l’organisation, assurée chaque année par un pays différent, offre à chacun l’occasion d’imprimer sa vision, de porter certaines priorités, et de peser davantage dans les orientations régionales.
C’est dans ce contexte que Madagascar s’apprête à prendre, en ce mois d’août 2025, la présidence de la SADC. Une responsabilité qui exige une diplomatie active, un sens aigu du consensus, mais aussi une capacité à défendre ses propres intérêts dans un esprit de coopération régionale. Plus qu’un protocole, c’est un levier pour faire entendre sa voix, tisser des alliances, et proposer des solutions aux défis communs de l’Afrique australe.
Notons que chaque pays membre préside tour à tour la SADC pour une durée d’un an. Zimbabwe est le dernier président en titre qui va passer le flambeau à Madagascar. Après la Grande Ile la présidence par voie d’élection est envisagée.
Aujourd’hui, 16 pays en sont membres, dont Madagascar depuis 2004 :
Éléments clés |
SADC |
Année de création |
1992 |
Membres |
16 |
Objectif principal |
Intégration régionale (économie, paix, infrastructure) |
Madagascar membre depuis |
2004 |
Siège |
Gaborone, Botswana |
Défis actuels |
Faible appropriation, lenteur, disparités économiques |
En 2025, la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) compte environ 400 millions de consommateurs et son PIB est estimé à environ 794 milliards de dollars américains.
L’intégration régionale à l’épreuve : forces et limites de Madagascar
La SADC est une réalité économique, pas un simple concept lointain. Mais cette organisation n’est pas que médiatrice dans une crise politique. Elle façonne déjà une partie de notre avenir économique, social et politique
Madagascar fait partie de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) depuis 2004. À l’approche de sa présidence tournante, la Grande Île s’apprête à jouer un rôle de premier plan dans une organisation qu’elle a jusqu’ici peu investie. Pourtant, le pays affiche un potentiel non négligeable sur le plan régional, même si celui-ci reste, dans les faits, largement sous-exploité.
Sa situation géographique, au carrefour de l’Afrique australe et de l’océan Indien, constitue un avantage naturel dans les logiques de connectivité maritime, de commerce régional et de positionnement stratégique. Son sol regorge de ressources naturelles – minières, halieutiques, agricoles – qui attirent l’attention des partenaires régionaux et pourraient faire de Madagascar un acteur de poids dans la zone. La jeunesse de sa population représente également un vivier considérable, capable de soutenir les grandes dynamiques économiques régionales, à condition d’être mieux formée et mieux encadrée.
Mais à ces promesses répondent des limites bien ancrées. Madagascar souffre encore de l’insuffisance de ses infrastructures de base. Les routes, les ports, les liaisons aériennes ne sont pas encore à la hauteur d’une ambition régionale. Le pays peine à développer une industrie suffisamment compétitive pour s’imposer sur les marchés de la SADC. Les échanges commerciaux avec les autres membres restent faibles, faute de produits transformés en quantité suffisante, de logistique adaptée, ou encore d’incitations fiscales claires.
À cela s’ajoute une certaine timidité sur le plan diplomatique et économique. Madagascar ne figure pas parmi les membres les plus actifs de la SADC. Il lui manque une stratégie claire d’insertion régionale et une présence affirmée dans les grandes concertations. Etre à la tête de la Sadc est occasion pour la Grande Ile d’influencer l’agenda régional et de repositionner le pays sur l’échiquier diplomatique africain.
Madagascar et la SADC : des échanges encore déséquilibrés mais en progression
Le commerce intra-SADC est encore déséquilibré. Nous vendons peu et achetons beaucoup. Les échanges commerciaux entre Madagascar et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont atteint près de 470 millions de dollars en 2024. Un chiffre en hausse, porté par une diversification des exportations malgaches vers des pays comme Maurice et l’Afrique du Sud. Pourtant, la balance reste nettement déficitaire pour Madagascar, qui importe massivement des carburants, véhicules et produits transformés de ses voisins sud-africains. Tandis que les exportations, dominées par la vanille, les textiles et les produits halieutiques, peinent encore à franchir le cap du décollage régional, les freins logistiques et infrastructurels continuent de limiter le potentiel commercial malgache dans cet espace pourtant stratégique.
Montants et volumes des échanges commerciaux Madagascar - SADC
Exports de Madagascar vers la SADC
Top produits exportés :
Imports de Madagascar depuis la SADC
Top produits importés :
Balance commerciale avec la SADC
Madagascar est en déficit commercial avec la SADC (~-230 millions USD en 2024), notamment en raison des importations de carburants et de véhicules.
Tendances
Graphique barre : “Echanges Madagascar - SADC (2024)”
Carte : Localiser Maurice, Afrique du Sud, Tanzanie comme principaux partenaires.
Le saviez-vous ?
· Madagascar exporte 20 % de sa vanille vers les pays de la SADC.
· 70 % des carburants importés par Madagascar viennent de l’Afrique du Sud.
· Les échanges pourraient doubler si les barrières logistiques étaient réduites selon la Chambre de commerce de Madagascar.
· La cotisation de Madagascar auprès de la Sadc s’élève à un montant compris entre 3,3 et 4,7 millions de dollars, selon les exercices.
SADC : une chance pour les opérateurs malgaches, à condition de savoir en profiter
L’intégration régionale ouvre des portes, mais elle impose aussi ses règles. Pour les opérateurs économiques malgaches, la participation de Madagascar à SADC représente à la fois une opportunité de croissance et un défi à relever.
Accéder à un marché de près de 400 millions de consommateurs, avec des barrières douanières allégées, offre de réelles perspectives. Des produits phares comme la vanille, le girofle, les haricots secs ou encore les textiles trouvent preneur en Afrique du Sud, à Maurice ou en Tanzanie. Certes, comme les chiffres au dessus le montre, en 2024, Madagascar a exporté pour environ 120 millions de dollars vers les pays de la SADC. C’est peu, mais c’est en hausse.
Les entreprises qui s’adaptent aux normes régionales et parviennent à structurer leur offre peuvent ainsi intégrer des chaînes de valeur plus vastes. L’adhésion de Madagascar à la SADC donne également accès à des projets d’infrastructure communs — comme les corridors logistiques ou les interconnexions énergétiques — qui, à terme, pourraient alléger le coût du transport et de l’énergie.
Mais pour beaucoup d’opérateurs locaux, ces avantages restent encore théoriques. Faute de logistique efficace, d’informations claires et de soutien technique, nombre de PME malgaches peinent à saisir ces opportunités. Pour bénéficier des exemptions tarifaires, les exportateurs doivent fournir des certificats d’origine valides, respecter des règles administratives, ce qui peut représenter un défi logistique énorme pour les petites entreprises rurales.
D’autant que la concurrence venue des pays membres, plus industrialisés et mieux organisés, est rude. Et les exportateurs malgaches doivent encore composer avec les lenteurs administratives, les surcoûts de transport et l’instabilité des prix.
En clair, Madagascar est dans le bon wagon, mais beaucoup d’opérateurs sont encore sur le quai. Pour transformer l’essai, il faudra un meilleur accompagnement des entreprises, des investissements dans les infrastructures et une stratégie claire d’intégration régionale.
Madagascar a beaucoup à gagner dans la SADC si elle arrive à lever ses obstacles logistiques, à mieux négocier ses intérêts, à structurer ses exportations et à sensibiliser ses producteurs.
Il nous faut une stratégie proactive sinon le pays risque de rester un simple importateur net au sein de la SADC, sans bénéficier pleinement de son appartenance à cette “grande famille” régionale.
Présidence malgache de la SADC : attentes croisées d’une région en quête d’intégration
Sur le plan politique et diplomatique, la présidence de Madagascar à la tête de la SADC offre plusieurs avantages stratégiques pour le pays: plus de visibilité régionale et internationale, renforcement de la stature internationale, positionnement comme médiateur régional, accès privilégié aux sommets et cercles décisionnels, leadership sur les grands dossiers régionaux, opportunité de repositionnement géopolitique.
Dans une région marquée par des défis sécuritaires, économiques et climatiques, les attentes sont multiples et parfois contrastées.
Les pays membres espèrent de Madagascar un rôle de médiateur neutre et actif, notamment face aux tensions persistantes dans l’est de la République démocratique du Congo ou au Mozambique. En tant qu’île, éloignée des lignes de front, Madagascar peut incarner une voix d’équilibre dans un contexte régional fragmenté.
Les citoyens malgaches, quant à eux, attendent que cette présidence dépasse le simple cadre diplomatique. Ils espèrent des retombées concrètes : des échanges facilités, des projets de développement débloqués, et une reconnaissance accrue du pays sur la scène régionale. Les jeunes, particulièrement, rêvent de mobilités accrues — accès aux bourses régionales, reconnaissance des diplômes, partenariats universitaires — pour pouvoir étudier, entreprendre ou travailler au sein de la zone SADC.
Les opérateurs économiques malgaches, eux, guettent les opportunités que cette présidence pourrait offrir pour mieux intégrer les marchés voisins. Une diplomatie économique plus offensive pourrait permettre de faire avancer certains dossiers : financement d’infrastructures portuaires, allègement des barrières non tarifaires, harmonisation des normes sanitaires. Ils attendent aussi que Madagascar défende leurs intérêts face aux grandes économies régionales, dans un environnement concurrentiel souvent déséquilibré.
Pour la région, cette présidence doit être un levier de relance de l’intégration régionale. Elle attend de Madagascar qu’il pousse des dossiers parfois enlisés : réforme du financement de la SADC, promotion du libre-échange, lutte commune contre les effets du changement climatique.
Il appartient à la Grande Ile Madagascar de transformer cette présidence en tremplin politique et économique, tant pour la région que pour son propre développement.
La semaine de l’industrialisation 2025 de la SADC, qui se tient présentement cette semaine au Novotel, a été l’occasion pour Madagascar d’afficher haut et fort son ambition industrielle. Tiana Rasamimanana, président du Syndicat des industries de Madagascar (SIM), a donné le ton dès l’ouverture : « L’industrialisation n’est pas un rêve, c’est une nécessité. Et c’est maintenant que ça se joue ». Devant une audience composée de représentants gouvernementaux, de diplomates et d’acteurs économiques venus des 15 pays membres de la SADC, son message a été clair : il faut en finir avec l’exportation de matières brutes et miser sur la transformation locale. Le Gouvernement malagasy, à travers la stratégie impulsée par le Président de la République Andry Rajoelina, a fait de l’industrialisation l’un des piliers de sa politique de développement. Mais le SIM insiste : l’Etat ne peut pas avancer seul. « Le secteur privé doit être un acteur central du changement, pendant que le secteur public joue le rôle de facilitateur », a rappelé Rasamimanana. Parmi les chantiers prioritaires évoqués : la mise en place de zones économiques spéciales, le soutien aux PME et startups locales, ou encore l’investissement dans des infrastructures partagées pour fluidifier les échanges entre les pays de la région.
Combat culturel
Mais l’enjeu va au-delà de la seule question industrielle. Pour le SIM, il s’agit aussi d’un combat culturel. « Il faut apprendre à aimer nos produits, à consommer local, pour faire vivre notre économie », martèle un industriel du secteur textile. Le label Malagasy ny Antsika veut ainsi redonner ses lettres de noblesse au vita gasy. En parallèle, le syndicat veut aussi impliquer les jeunes, à travers des initiatives d’éducation à l’entrepreneuriat et de sensibilisation à l’industrie. Cependant, tout n’est pas encore gagné. Le manque d’électricité, les coûts logistiques élevés ou encore la faible productivité restent des obstacles majeurs. « On a les idées, on a l’envie, mais il nous faut des moyens », résume une entrepreneure dans l’agroalimentaire. Malgré tout, l’optimisme reste de mise. L’intégration régionale via la ZLECAF ouvre de nouvelles perspectives, à condition que les gouvernements harmonisent leurs politiques et que les investisseurs suivent.
Cette semaine d’échange et de partage pourrait ainsi marquer un tournant. A condition, comme le dit si bien un participant, « de passer des discours aux machines qui tournent, des promesses aux produits sur les rayons ».
Depuis 2022, près de 18.000 enfants et adultes ont pu obtenir leur acte de naissance. Un engagement renouvelé en faveur de l'identité juridique pour tous a été scellé hier. A cet effet, la signature d'un nouveau protocole de coopération couvrant la période 2025-2026 a eu lieu entre la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA) et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Cette initiative ambitieuse vise à enregistrer 24.000 personnes supplémentaires à l'état civil, avec une attention particulière portée aux populations vulnérables. Elle s'inscrit directement dans le cadre de la cible 16.9 des Objectifs de développement durable (ODD), qui milite pour garantir une identité juridique pour chaque individu, incluant l'enregistrement des naissances.
Cela repose sur trois axes d'intervention stratégiques. Le premier axe met l'accent sur l'enregistrement rétroactif des naissances, une démarche cruciale pour permettre à des milliers de personnes dépourvues de documents officiels d'obtenir enfin un acte de naissance, indispensable à leur existence légale. Le deuxième volet de l'accord concerne la modernisation des guichets uniques, répartis dans les six Arrondissements de la capitale, un effort visant à simplifier et à rendre plus accessibles les services d'état civil pour tous les citoyens. Enfin, le troisième axe est dédié au renforcement des capacités au niveau des agents d'état civil, et ce à travers des formations spécialisées et la fourniture d'équipements informatiques adaptés, garantissant ainsi un service de qualité et efficace.
S’ouvrir aux perspectives
La première magistrate de la ville d’Antananarivo, Harilala Ramanantsoa, a réaffirmé avec conviction l’engagement indéfectible de la Commune à poursuivre ces actions vitales. « Nous réaffirmons haut et fort notre engagement pour cela », a-t-elle déclaré, en soulignant l'importance de cette mission, tout en saluant la mobilisation exemplaire de tous les acteurs de terrain. A l’approche de la Journée africaine de l’état civil, la mairesse a insisté sur un principe fondamental : « Aucun citoyen ne doit être privé d’une existence légale ». De son côté, le représentant de l’OIF à Madagascar a rappelé une réalité. « Cet accord est bien plus qu’une signature : il y a des vies et des droits fondamentaux derrière ces chiffres », a-t-il affirmé, en mettant l'accent sur l'impact humain de l'initiative. Il a tenu à marteler une vérité simple mais puissante : « un acte de naissance représente plus qu’un papier. Il change une vie ». L'OIF a par ailleurs exprimé l'espoir que cette initiative puisse servir de modèle et inspirer d'autres projets porteurs de transformation sociale à Madagascar, en Afrique et même au-delà.
Nikki Razaf
Plus de 300 jeunes entrepreneurs, investisseurs et partenaires institutionnels vont se réunir les 16 et 17 octobre prochain à Andraharo afin de participer à la première édition de « La rentrée du jeune patronat », un évènement organisé par le Jeune patronat de Madagascar (JPM). « Cette réunion a pour but de renforcer les capacités des jeunes et de les encourager à s’engager dans le développement de Madagascar », selon Valery Randrianavalona, un membre du groupement, lors de la conférence de presse de lancement qui s’est déroulée hier.
Parmi les trois grands thèmes abordés, l’engagement politique des entrepreneurs attire particulièrement l’attention. Aujourd’hui, beaucoup pensent que le secteur privé ne peut pas, à lui seul, résoudre tous les problèmes du pays. Les entreprises sont importantes pour l’économie, mais leur impact pourrait être plus grand si leurs dirigeants participaient aussi à la vie publique. L’idée n’est pas de faire de la politique à tout prix, mais plutôt de trouver un équilibre entre l’activité économique et l’engagement citoyen. Un entrepreneur peut être utile non seulement en créant des emplois, mais aussi en participant aux décisions qui touchent la société.
Partage
Le 16 octobre, les discussions porteront sur le sens de l’engagement entrepreneurial : comment allier ambition personnelle et contribution collective. Le 17 octobre, place aux ateliers pratiques axés sur l’intelligence artificielle, la levée de fonds, le marketing digital, ou encore l’économie circulaire. Ces domaines s’avèrent être des outils utiles pour aider les jeunes entreprises à progresser. Le groupe Viseo soutiendra aussi l’événement en proposant des offres adaptées aux besoins des petites entreprises, notamment des véhicules, équipements agricoles, solutions électriques. « Nous voulons aider les jeunes à réussir concrètement », explique Zara Sandra Jinah, vice-présidente du JPM.
Quant à Valery Randrianavalona, il estime que les jeunes ont des idées et de la motivation, mais ils manquent souvent de soutien, de visibilité et de ressources. Cet événement veut justement offrir un espace de formation, de rencontres et de partages. « "La rentrée du jeune patronat" est bien plus qu’un simple événement. Il servira également comme un point de départ pour une jeunesse prête à agir, à s’investir et à construire un avenir meilleur pour la Grande île », a ajouté Lilia Randriamifidimanana, présidente du JPM.
Carinah Mamilalaina